Bedford, 07 octobre 2020 - L’Organisme de bassin versant de la baie
Missisquoi (OBVBM) assure l’échantillonnage de 11 stations de suivi de la
qualité de l’eau réparties à travers le bassin versant de la baie Missisquoi
pour le Ministère de l’Environnement et de la Lutte aux Changements Climatiques
(MELCC). Rappelons que la baie Missisquoi
est alimentée par les rivières aux Brochets, de la Roche, Missisquoi et
par une multitude de petits ruisseaux qui drainent le bassin versant.
L’échantillonnage
se fait 12 mois par année incluant l’hiver, ce qui représente souvent un défi!
Les données sont ensuite compilées par le MELCC qui calcule l’Indice de qualité
bactériologique et physicochimique (IQBP6) en prenant en compte les 6
paramètres suivants :
- phosphore total
- coliformes fécaux
- matières en suspension
- azote ammoniacal
- nitrites et nitrates
- chlorophylle a total
L’IQBP6 est ensuite présenté selon une échelle variant de 0 (très mauvaise qualité) à 100 (bonne qualité). Les résultats de 2019 pour les 11 stations du bassin versant de la baie Missisquoi sont représentés sur la carte du bassin versant de la Baie Missisquoi.
Une qualité de l’eau inégale des plaines aux montagnes
On peut observer que la qualité de l’eau se dégrade depuis les montagnes jusqu’aux plaines fertiles et argileuses au pourtour de la baie. Ceci s’explique par l’occupation du territoire qui affecte la qualité de l’eau selon l’usage qu’on en fait. Par exemple, la fertilisation parfois excessive des cultures, les rejets d’eaux usées non traitées ou encore les sols à nus (après un labour, l'entretien d'un fossé routier ou sur chantier de construction) sont autant de sources importantes de sédiments et de contaminants dans le réseau hydrologique.
Parmi les contaminants qui se retrouvent dans les cours d’eau, on
compte notamment les coliformes fécaux, le phosphore et l’azote. La
prolifération des cyanobactéries (algues bleues) et de plantes aquatiques
parfois invasives, la perte des usages (eau potable, baignade) pour les
riverains et visiteurs sont parmi les impacts les plus dommageables pour
l’environnement et les communautés environnantes.
Des rivières propres malgré des ruisseaux
pollués
Le tableau des IQBP6 des dernières années indique que bien que la
qualité de l’eau soit toujours considérée « satisfaisante » pour la
rivière Missisquoi, l’année 2019 est celle où l’IQBP6 était le plus faible.
Cela s’explique notamment à cause de concentrations parfois élevées de matière
solide en suspension (sédiments provenant de l’érosion). À l’inverse, la
rivière Sutton, qui se jette dans la rivière Missisquoi au Vermont, affiche son
meilleur score depuis 20 ans.
Les cours d’eau en milieu agricole ont quant eux les indices les plus
faibles avec des dépassements importants en phosphore, nitrates-nitrites et
coliformes fécaux (provenant de la fertilisation et du lessivage des lisiers et
fumiers). Par exemple, la rivière de la Roche qui entre du Vermont avec un
indice de 6 (très mauvaise) affiche son pire score depuis 20 ans, bien que son
indice s’améliore en sol québécois. Le ruisseau au Castor, qui se jette dans la
rivière aux Brochets, affiche un indice de 11 (très mauvaise), alors que les
ruisseaux Morpions, Walbridge et Ewing se maintiennent dans la classe
« mauvaise ». La rivière aux Brochets, bien que recevant les eaux
impropres de ces ruisseaux, est dans la classe « satisfaisante ».
Projets en partenariat
Chaque année l’OBVBM effectue l’échantillonnage de 3 stations
supplémentaires, en partenariat avec le MELCC, afin d’améliorer le portrait de
son territoire. De mars 2017 à février 2018, ont donc été ajoutés : le
ruisseau Groat à Bedford (IQBP6 de 46 « douteuse ») et les ruisseaux
Swennen (32 « mauvaise ») et Brandy à Saint-Armand (38
« mauvaise »). Puis de mars 2019 à mars 2020, trois autres stations
s’ajoutent à nouveau : la rivière Missisquoi Nord à Potton (indice de 74
« satisfaisante »), la rivière aux Brochets Nord à Stanbridge East
(48 « douteuse ») et le ruisseau aux Ménés à Saint-Armand (52
« douteuse »). Les paramètres affectant la qualité de ces cours d’eau
ont principalement été le phosphore, les nitrates-nitrites et les coliformes
fécaux en milieu agricole. Les matières solides en suspension sont la
principale source de pollution en milieu montagneux.
Sels de voirie
Une nouvelle série d’analyses portant sur les sels de voirie
permettent de dresser un premier portrait des concentrations en chlorures dans
les eaux de surface de la portion québécoise du bassin versant. Les sels de
voirie peuvent affecter la qualité des eaux souterraines, des eaux de surface
et des écosystèmes aquatiques en plus de nuire à leur biodiversité par une
augmentation de la dureté et du pH de l’eau et une réduction de la perméabilité
et de la fertilité de certains sols. Cela affecte la végétation indigène,
favorisant alors l’expansion de certaines espèces exotiques envahissantes comme
le roseau commun (phragmite), ce qui peut contribuer à augmenter l’érosion.
À première vue, les concentrations en chlorures, principal indicateur
de la présence de sel de voirie dans l’eau, se situent bien en dessous du
critère de 230 mg/l pour protéger la vie aquatique d’effets chroniques. Les
concentrations les plus élevées ont été recensées sur les ruisseaux Castor (56
mg/l) et Ewing (40 mg/l), tous deux échantillonnés en aval de la route 133.
L’impact des concentrations de chlorure sur la couverture et la fonte de glace
sur les cours d’eau du bassin versant demeure toutefois encore mal connu et
devra être approfondie.
Conclusion
La qualité de l’eau du bassin versant de la baie Missisquoi est le
reflet des pratiques de ses habitants, exploiteurs, visiteurs et décideurs. La
pollution de nos cours d’eau n’est pas une fatalité et c’est en continuant de
travailler ensemble autour d’objectifs communs que des améliorations pourront
être espérées.
Plusieurs bonnes pratiques sont actuellement disponibles, financées et
comprenant parfois même du support technique. Si vous souhaiteriez réduire
votre empreinte sur nos cours d’eau et nos lacs, contactez-nous et peut-être
pourrons nous vous aider à trouver une solution!
www.obvbm.org
Les données de qualité
de l’eau peuvent être consultées à l’Atlas interactif de la qualité des eaux de
surface et des écosystèmes aquatiques du MELCC.
http://www.environnement.gouv.qc.ca/eau/Atlas_interactif/stations/stations_rivieres.asp