COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Pour diffusion immédiate
Bedford, le 25 octobre 2024 – L’Organisme de bassin versant de la baie Missisquoi (OBVBM) s’associe au Zoo de Granby – qu’il soutient financièrement à hauteur de 56 472$ pour une période de trois ans, pour la mise en œuvre du programme de suivi des pontes de la tortue molle à épines de l’Est (Apalone spinifera), une espèce menacée emblématique du sud du Québec.
La tortue molle à épines se distingue par sa carapace souple dépourvue d’écailles. Celle-ci est recouverte d’une peau à l’apparence du cuir et présente de petites projections épineuses à peine remarquables le long de son bord avant. Carnivore, elle se nourrit d’insectes, d’écrevisses, de petits poissons, de têtards ou de grenouilles et fréquente les cours d’eau et les milieux humides riverains.
Le financement de l’OBVBM permet au Zoo de Granby de poursuivre le suivi des pontes à l’un des rares sites connus pour l’espèce au Québec, à y collecter les œufs, à les incuber puis à remettre les juvéniles en liberté dans la rivière aux Brochets, à proximité des nids où les œufs ont été collectés.
L’objectif de ce programme est d’augmenter la population de tortues molles à épines qui peine à se renouveler en raison de la forte prédation exercée sur les œufs et de la perte des sites de pontes résultant de la transformation des berges et des fluctuations des niveaux d’eau provoqués par les changements climatiques. Les tortues peuvent également être blessées par les hélices des embarcations de plaisance, ou tuées à la suite de collisions. Il est fortement recommandé de réduire la vitesse de navigation à l’intérieur d’une bande de cinq mètres à partir de la rive.
La survie des œufs est un élément clé pour la protection de l’espèce dans une région où la saison de croissance est d’environ six mois par an et où les femelles atteignent la maturité sexuelle après plus de quinze ans. Celles-ci pondent généralement à moins de cinquante mètres de la rive, là où la végétation est absente ou clairsemée et où le substrat est mou, sablonneux ou graveleux.
En protégeant les œufs des menaces qui représentent la prédation et les variations du régime hydrique des cours d’eau et des lacs, le programme vise donc à préserver cette espèce emblématique du sud du Québec dont le succès d’éclosion atteint seulement 28% en nature.
En juin 2024, 181 œufs issus de 11 nids ont été collectés par l’équipe du Zoo de Granby. L’incubation des œufs au laboratoire du Zoo a permis d’atteindre un succès d’éclosion de 90% (163 naissances) et de relâcher 141 juvéniles dans la rivière aux Brochets, à l’endroit même où les femelles avaient pondu deux mois plus tôt.
La littérature scientifique démontre qu’un bon programme de renforcement de population doit intégrer des remises en liberté d’individus de différents âges. Une vingtaine de juvéniles sont ainsi gardés et soignés au Zoo de Granby pendant une période d’un à deux ans avant d’être remis en liberté. Ceux-ci pèsent alors entre 50 et 70 g comparativement à un poids de 7 g à la naissance. Plus grosse et plus fortes, les jeunes tortues ont d’autant plus les chances de survie une fois relâchées à la rivière. La garde en captivité permet également d’étudier l’espèce et d’optimiser le bien-être et le taux de survie des juvéniles en laboratoire, notamment par l’ajustement de divers paramètres (température, nutrition, comportement des individus au sein du groupe…).
Mis en place en 2009, le programme de suivi des pontes a permis de relâcher plus de 2500 individus dans la rivière aux Brochets à ce jour. L’objectif est d’atteindre 5000 relâches d’ici 2030. Ces mesures font partie des recommandations formulées dans le Plan de rétablissement de la tortue molle à épines au Québec (https://mffp.gouv.qc.ca/documents/faune/plan_retablissement_tortue-molle-a-epines_2020-2030.pdf).
L’OBVBM accompagne également le Zoo de Granby au niveau de la sensibilisation et de la mobilisation des acteurs autour de la conservation de la tortue molle à épines de l’Est. L’engagement des municipalités, des propriétaires riverains agricoles et privés est en effet essentiel au succès des mesures de protection.
Un sondage réalisé par l’OBVBM révèle qu’un peu plus de la moitié des plaisanciers qui fréquentent la baie Missisquoi connaît l’existence de la tortue molle à épines et sait qu’elle est désignée espèce menacée au Québec et en voie de disparition au Canada. La grande majorité (81%) se disait prête à diminuer la vitesse de navigation de 10 km/h pour protéger l’espèce.
Ce projet est rendu possible grâce au soutien financier du Programme d’intendance de l’habitat pour les espèces en péril (PIH) du Gouvernement du Canada.
– 30 –
L’Organisme de Bassin Versant de la Baie Missisquoi a pour mission d’améliorer la qualité de l’eau de son territoire, de favoriser la concertation des acteurs concernés par la gestion intégrée de l’eau, mais aussi d’informer, de mobiliser, de consulter et de sensibiliser la population à ces enjeux.
Source :
Julie Reinling
Chargée de projet en mobilisation, concertation et communications
communications@obvbm.org