Bedford, 8 septembre 2023 – Les cyanobactéries (algues bleues) sont de retour dans les lacs et rivières du bassin versant de la baie Missisquoi. Le temps chaud des derniers jours conjugué aux importantes précipitations a constitué un mélange parfait pour permettre leur prolifération. Pendant ce temps, malgré les engagements des différents gouvernements, les cibles de réduction du phosphore sont loin d’être atteintes.
Les activités humaines nourrissent les cyanobactéries
Le temps chaud a pour effet d’abaisser le niveau des plans d’eau. Cela favorise donc la concentration des nutriments déjà présents dans l’eau. Les activités humaines telles que le déversement d’eaux usées et l’érosion des sols en milieu agricole rejettent des nutriments comme le phosphore dans l’eau, nourrissant ainsi directement les cyanobactéries. La présence de phosphore est la principale cause d’apparition de cyanobactéries.
Avec les fortes précipitations de l’été et encore ces derniers, l’eau est venue abruptement lessiver les sols et faire déborder certaines installations sceptiques municipales et individuelles. Ce faisant, l’eau a amené avec elle encore plus de phosphore dans les lacs et rivières qui en avait déjà une forte concentration. Le résultat est donc que les cyanobactéries réapparaissent en force en septembre.
Image : cyanobactérie dans la baie Missisquoi à Philipsburg, St-Armand en 2023
Attention à la baignade
Les pires conditions de baignade sont souvent 24h à 48h après de fortes et intenses précipitations. En effet, les débordements sceptiques et le lessivages des nutriments engendrés par ces fortes pluies viennent contaminer les rivières et les lacs. En plus de créer des conditions parfaites pour les cyanobactéries, il y a des risques d’irritations cutanées et d’attraper la bactérie E-Coli en raison de la présence de coliforme fécaux dans l’eau.
Il convient donc de demeurer vigilant et de s’intéresser aux conditions météorologiques qui ont précédées votre potentielle baignade avant de vous rafraichir dans votre plan d’eau préféré. Cette situation ne semble malheureusement pas sur le point de changer bien que le cas de la baie Missisquoi, transfrontalière, fasse l’objet d’une attention particulière.
Un dossier international en attente
À la demande des gouvernements canadien et états-unien, la Commission mixte internationale (CMI), l’organisme mandatée pour la gestion des eaux transfrontalière, a fourni un rapport en 2020 concernant les apports en nutriment dans la baie Missisquoi. Plusieurs des recommandations de ce rapport attendent toujours d’être mis en œuvre.
Parmi ces recommandations, la première dit qu’il faut renforcer la gouvernance pour permettre une planification et une collaboration binationales intégrées des bassins versants. Si l’OBV baie Missisquoi travaille déjà en collaboration avec ses vis-à-vis du sud de la frontière, on reste encore loin de la gouvernance recommandée par la CMI. Parmi les autres recommandations, il est aussi mentionné qu’il faut réduire l’apport en nutriments des terres agricoles de même qu’il faut réduire les apports des autres occupations du territoire. Des actions du gouvernement fédérales sont toujours attendues dans ce dossier.
Réduire le phosphore, un engagement du Québec et du Vermont
En 2021 le gouvernement du Québec a renouvelé l’entente avec le Vermont prévoyant de cibler un apport 25 microgramme de phosphore par litre d’eau (μg/l). Pourtant l’apport moyen actuel avoisine le double de cette cible. En d’autres termes : la cible n’est pas atteinte malgré les actions en cours.
Le défi est certes important mais l’atteinte de l’objectif l’est tout autant. Plusieurs changements structuraux doivent se poursuivre : le soutien financier pour implanter des pratiques agroenvironnementales durables, la modernisation des installations de traitement des eaux usées et des installations non conformes, la réduction de l’érosion en forte pente, voilà certaines des mesures qui seront indispensables pour atteindre la cible de 25 μg/l.
Source : Anthoni Barbe
pour l’Organisme de bassin versant de la baie Missisquoi Consultant en aménagement du territoire
anthoni.barbe@hotmail.com
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